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El Greco, hors du temps




Né en 1541, El Greco est né Doménikos Theotokópoulos en Crète qu’il devait quitter assez rapidement pour rejoindre Venise. Il tourna ainsi dès l’âge de 25 ans le dos au monde byzantin qui était le sien pour s’immerger dans la Renaissance italienne. Ses pas le menèrent ensuite à Rome où il fréquenta Michel Ange et Parmigianino entre 1570 et 1577, dont il devait absorber les techniques en matière de composition et de perspective, produisant ainsi «L'Expulsion des marchands du temple». 


Thème qu’il devait développer, améliorer, faire prospérer tout au long de sa carrière et qui, du reste, était d’une actualité brûlante en cette époque d’intense ferveur catholique qu’était la Contre–réforme.




El Greco fut donc un des plus illustres chantres de la purification de l’Eglise et du renouvellement de la symbolique du Nouveau Testament destinés à lutter contre les «hérétiques». Ses couleurs vives, la luminosité conférée à ses tableaux, l’accent mis sur le mouvement sont autant d’hymnes à la gloire du catholicisme qu’il hérita de Vénitiens comme Tintoretto.


En dépit de son talent et de ses réalisations dans l’air du temps, El Greco devait pourtant quitter en 1576 Rome sur un échec pour n’avoir pu décrocher aucun contrat majeur. C’est donc Tolède, ville intellectuelle et centre religieux, qu’il choisit pour y développer son talent expressif qui y fut du reste très apprécié, et c’est à cette ville d’Espagne qu’il doit ses œuvres conceptuelles ayant largement influencé les artistes venus après lui. Ainsi, «Vue de Tolède», réalisée en 1600 est-elle probablement le premier paysage expressionniste de l’Histoire de l’art occidental.





Même si c’est, à l’évidence, son art religieux qui préfigure l’art moderne et des générations de peintres espagnols, de Velázquez à Picasso qui le qualifiait de «cubiste en devenir »…  Van Gogh et Gauguin revendiquent aussi l’héritage d’El Greco qui, en réalité, est à la fois dans la tradition artistique vénitienne tout en étant largement imbibé de l’iconographie byzantine de son enfance.


De manière tout à fait significative, il insista tout au long de sa vie à signer ses œuvres de son patronyme grec, ignorant les traductions italiennes ou espagnoles. El Greco est en quelque sorte hors du temps, mêlant dans un style très personnel tradition antique et évolutions modernes. Il fut également un artiste solitaire, n’appartenant à aucune école, attaché à plusieurs – ou à aucune - ville. Un artiste libre.    




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